Fragments + It has a Golden Sun and an Elderly Grey Moon
Noé Soulier / Ulla Von Brandenburg

©Ulla von Brandenburg, It Has a Golden Sun and an Elderly Grey Moon, 2016 (photogramme)
Deux propositions au croisement de la danse et des arts visuels. Où il est question de tableaux vivants et de corps-objets.
Fragments explore le mouvement lorsqu’il est confronté au cadre de la caméra. Il s’inscrit dans la continuité de la recherche sur le mouvement développée par le chorégraphe depuis 2010.
Les espaces particuliers que crée le cadrage, suivant sa hauteur et sa dimension, permettent d’explorer des aspects du mouvement qui seraient invisibles sur scène. Le spectateur accède alors à un niveau de détail, dans l’articulation des différentes parties du corps et dans la superposition des danseuses et danseurs, qui ne peut exister lors d’un spectacle qui offre un point de vue unique. C’est cette possibilité d’isoler visuellement certaines parties du corps, chargées d’affects multiples, que Fragments entend montrer, dans le champ et le hors-champ : une nouvelle exploration de la dimension fragmentaire du corps et de sa puissance d’évocation.
It has a Golden Sun and an Elderly Grey Moon est le premier film qu’Ulla von Brandenburg dédie à la couleur. Il s’agit d’un film qu’elle a tourné sur la grande scène du Théâtre Nanterre-Amandiers. C’est un long plan séquence, sans montage, un film dansé. « L’idée était d’abord de faire un film en couleur, contrairement aux précédents. À partir du moment où la couleur est entrée dans un de mes films, j’ai décidé que le film lui serait consacré. Les danseur·ses se trouvent dans un espace blanc, chacun·e tenant un drap teinté d’une couleur vive. » L’espace scénique est structuré par deux grands escaliers blancs qui montent vers une plateforme. La figure de l’escalier est un motif récurrent dans le langage d’Ulla von Brandenburg, à la fois renversé dans ses architectures, c’est aussi le premier pas vers le récit.
Dans ce film, il est une manière de représenter, physiquement et symboliquement, les rapports de force entre les hommes et la hiérarchie des pouvoirs. À cette occasion, Ulla von Brandenburg s’entoure pour la première fois de danseur·ses. Ils et elles manipulent des tissus de couleurs : le tissu et la couleur font l’objet de leurs échanges et de leurs cérémonies. Leurs mouvements nous rappellent la mémoire de rituels anciens, leurs corps sont traversés par des rythmiques instinctives, une sorte d’état collectif de conscience, rappelant les formes chorégraphiques de l’eurythmie et de la danse moderne expressionniste.
2 place des Quatre Z’Horloges, Saint-Nazaire